14 août 2013

sans solde


Assis sur les tabourets dépareillés autour du plateau de verre de la table devant la fenêtre ouverte sur rapide fuite de toits épars puis la succession homothétique des éléments d’une urbanité faubourienne jusqu’à des tours de celles qu’on abat, nous évoquionsla possibilité d’une cuisine rapportée, un truc sorti du sac, déplié à la sauvette, géométrie variable pour contamination furtive et choisie, détournement ponctuel d’une invitation à dîner: faire une tarte à l’hôtel (une pâte feuilletée dans la salle de bains), squatter les toilettes d’un centre d’art(ou de ses parents) pour cuire une laitue au lard; et quelqu’un s’est souvenu de: mignon de lapin aux olives et sa polenta moelleuse, accompagné de sa laitue cuite sous vide. C’est quoi le mignon du lapin?
Bref, pendant qu’Olivier finissait à grands coups de pain la sauce sucrée par le poireau et l’échalote d’un poulet vieilles pierres concocté la veille à l’arrache entre deux poses de plaques de sol dé-coordonnées sur structure de palettes dans la cour de l’hôpital pour le bal de bientôt (nous mangerons des pâtés), j’ai pétri même poids de farine de blé et de maïs, de sucre roux et de beurre pour une pâte augmentée de noisettes écrasées, cerises séchées hachées, graines de lin brun et de sésame, 2 c.s. de gingembre, 1 de cannelle, 1/2 de muscade en poudre, qui a cuit, épaisse de deux centimètres, 90 min au four à 140°C en un nougat brun d’or et gras comme un pain d’épices qui pique et sursucre la bouche, craque comme un premier de sa classe, genre lavallière d’azur nouée au revers, s’immisce entre les dents, réserve pour plus tard. Mêlé à une faisselle il ne se mêle pas et c’est distinct qu’il se laisse écraser sous la ratiche, le parfait apartheid, un dentifrice dont on pourrait enfin séparer les rayures.
Alors j’ai compris qu’à la faisselle — d’autant plus si de chèvre — je pouvais allier une chapelure revenue dans une poêle très chaude avec de la cassonade, gingembre en poudre, graines de pavot, brins de zestes de citron vert (aujourd’hui ce serait muscade, ciboulette, amandes écrasées, coriandre pilée) pour en coier le fromage servi dans un verre en terminant avec un filet de la réduction sirupeuse du jus d’une orange et d’un demi-vert dans du sucre pimenté.
Assis sur les tabourets nous pensions au son que feraient des particules traversant un puits de lumière et imaginions la petite valise de mission du 007 culinaire avec toujours ce qu’il faut de ce qu’il faut — ou alors un slip à double fond.

<pas de visuel>

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