15 mai 2012

la ronde



C'est la glande de l'équilibre, régule le chaud, le froid, la satiété, l'énergie, la vie en société, le rapport à son reflet, l'utilité d'en être, l'aboutissement. Aujourd'hui c'est le contraire, plus rien ne peut aboutir, c'est ontologique, la satiété est une chimère et manger ne sert à rien, s'applique en tâche de fond, c'est le règne, la dictature de l'autonomie, un pays de sourds-muets sans abbé de l'Épée, une communauté de l'indifférence. Alors on attend, ne sachant que faire, le conflit permanent et mou de soi à soi nous étouffe et nous vire aporie.
Heureusement les idées qui sont parfois presque un début d'envie fonctionnent, et je retiens que courgettes et tomates cuites à la poêle sur elles-mêmes avec un œuf cassé dessus à couvert pour les dernières minutes font un rata légèrement acide parcouru des bouts claquant craquant du blanc figé (et sais que sur une ratatouille réchauffée rien ne vaut un œuf au plat dépecé) ; je retiens que les Iraniens cuisent le riz jusqu'à une sorte de croûte sous laquelle chaque grain se sépare parfumé de l'épice qu'on y mis, alterné de couches animales ou végétales, salées ou sucrées ; je retiens qu'on peut assembler un meatloaf autour d'œufs durs et que cela nous vient des Azéris qui l'ont peut-être piqué aux anglais car les américains en parlent; je retiens que des haricots blancs plus petits que les cocos du cassoulet cuits dans ce qu'il faut d'eau salée avec des lardons préalablement revenus se dressent dans une assiette creuse au fond de laquelle on a mis une tranche de miche grillée, aillée (ou mixés en crème – mais le pain n'est pas loin); je retiens qu'il n'y aucune raison pour que des pattes de poulet, un bouquet garni, une carotte, un poireau, immergés et cuits un moment ne fassent, quand on y bat avant de servir un jaune d'œuf et un peu crème, une tendre soupe à verser sur un tapis d'oseille hachée; je retiens qu'en attendant de posséder et d'user de la technique de la clarification du bouillon avec couvercle protéïnique et cheminée (ou préférer le dashi), on peut à deux blancs d'œufs mélanger 100g de farine, 100g de sucre glace et ce qu'on veut de graines de tournesol écrasées pour en taches sur une plaque au four fort en faire des tuiles qu'on croquera avec une sauce à la grenadille à inventer; je retiens que l'anchois au sel ou à l'huile parfume la farce d'une oie aux marrons, le jus déglacé d'un steak cuit en lamelles, la vinaigrette des asperges, titille le ris de veau sauté à la pomme et qu'on cherche encore comment l'accoupler à la poire; et, puisqu'on ne mange pas d'insectes, je retiens que de l'ail émincé revenu aidera à coaguler à feu doux un 1/2 litre d'humeur de porc auquel on incorpore à feu fort six œufs en remuant tranquille pour une véritable omelette au sang.

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